THE PRETENDERS - "The wait ' (1980)
Métro Ternes.Je sors de la station, m'engage, fébrile, dans la rue du Faubourg Saint Honoré. J'ai un rencart ! Un rencart avec Chrissie, un amour de jeunesse. On peut dire qu'elle m'en a fait baver la Chrissie. A l'époque (Argh ), au siècle dernier (reargh ), j'en pinçais méchamment pour elle, et aussi pour une autre, Deborah, une blonde platine, dont les formes suggestives,malicieusement soulignées par sa petite robe rouge contribuaient à pertuber les nuits et les jours de mon adolescence libidineuse tourmentée. Aujourdhui, je peux le confesser, je me les serais bien tapées toutes les deux. Néanmoins, avec les années, j'ai appris à me méfier des blondes, et il faut bien l'avouer, Chrissie, à l'aune de sa discographie, a quand même continué à tenir le manche avec une persévérance qui impose le respect. J'ai rencart donc, avec Chrissie et ses prétendants, à la salle Pleyel, où je n'ai jamais foutu les pieds. Dès l'entrée, j'ai un mauvais pressentiment : l'accueil est assuré par de jeunes garçons en marinière au sourire niais, puis pour atteindre le bar ( pinte à 10 euros les z'amis), traverse le hall en m'enfonçant jusqu'aux genoux dans un infâme moquette rouge. Le choc se transforme en seisme quand je pénètre dans les lieux d'aisance, destination incontournable, que ma vessie vous expliquera mieux que moi. les chiottes sont propres ! il sentent bon la la lavande, aucun grafitti sur les murs, point de stickers célébrant des groupes de métal inconnus, nul phallus grifonné à la hâte.Les toilettes de la salle Pleyel ne sentent pas la pisse, le stupre et le foutre. Les toilettes de la salle Pleyel ne sont pas Rock and Roll ! Vous allez me rétorquer que je suis venu pour Chrissie, pas pour visiter les chiottes de la salle Pleyel, certes, mais les deux sont liés si vous voyez (ou pas) ce que je veux dire. Le seisme se transforme en cataclysme nucléaire, à l'observation de la foule présente pour cette soirée, les septuagénaires arthrosiques se mélant aux bourgeoises peinturlurées, les tee-shirt "Human league"au tee-shirt "Eagles"(si ! vu de mes yeux). CHRISSIE, HELP!!!! je sais qu'on a déjà vu rejaillir le feu d'un ancien volcan mais là, je crains le pire.
Puis les lumières s'éteignent, tu apparais avec un tee-shirt"ELVIS", divinement moulée dans ton jean slim que tu remontes avec malice, le ceinturon tombant sur tes hanches. Sur "precious", je jurerais avoir perçu ton regard s'attarder sur moi et, imperceptiblement, l'instant d'un changement d'accord parfait, tu m'adressé un clin d'oeil de velour.
Chrissie, je crois que j'ai toujours le béguin !
.... Euh, Debbie, faut pas toujours croire ce que je raconte..."